Le Tigre blanc
Violent changement de style pour ma participation au nouvel atelier d’Irène et Agathe (les règles ici : http://www.mamirene.com/article-6672459.html ). Bonne lecture ! Meuh !
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J’ai rencontré un tigre blanc…
Si, si comme je vous le dit ! Tout blanc ! Genre, neige quoi. Sur la nuit noire, ça crache ! Vous savez, les rares tigres blancs qu’on voit dans les zoos, ils sont un peu rayés… Mais celui là, non ! Tout blanc j’vous dis !
Tout nu de rayure comme ça, il ressemblait à un gros chat de grand-mère… Enfin, la grand-mère de Rambo quand même hein ! Car ça faisait du chaton de compétition : des dents que même Gilette Mach 3 il coupe pas aussi bien, et des griffes qui vous arrachent une tête en moins de deux !
C’est pour ça que, le tigre, même blanc chaton, je passais devant avec prudence quand même ! Il avait l’air de dormir, mais je suis pas assez fou pour filer en trombe à côté : j’avais trop peur de finir en Tigron, « La pâté de tigres champions ! ».
Bon, pour le coup j’ai pas du être assez prudent. Ca faisait deux minutes que j’avançais à pas de loupiot, quand j’ai vu deux petits yeux jaunes s’éclairer au milieu de cette grosse peluche blanche.
Le tigre : « Grou ! »
Mon cerveau : « Et MEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERDDEEEEEE !!! »
Le tigre : « GrouGrou ! »
Vous savez, il m’a fait un Grou genre « Qu’est-ce tu fous sur mon île, toi ?? »
Ha, je vous avais pas dit que j’étais sur une île ? Ha ben voilà : en fait, j’étais sur une île. Pourquoi ? Et bien en fait c’est ce que je cherchais à savoir en fouillant les environs. Mais sur le coup, je m’en battais un poil l’œil, et j’attendais fixement le prochain GrouGrou de mon nouveau pote Tigrou avec mes yeux dans le vide, et une goutte sadique glissante le long de mon dos.
Le Tigre : « D’un point de vue purement métaphysique, vous m’avez l’air perdu… »
Ma goutte dorsale en explose de surprise !
Moi : « Heuuuuuuuuuuuuuuu… Je ne sais pas ! »
A ce stade des événements, quand un tigrou aussi coloré qu’une aspirine vous tchatche métaphysique, ça a de quoi vous déstabiliser : je ne savais plus où j’en étais !
Le Tigre : « Si vos tergiversions vous mènent à l’Est, pourriez vous au passage prendre le papyrus secret pour moi je vous prie… Le flegme qui m’étreint si violement en ces heures m’empêche de conclure cette activité… »
Moi : « … Ben, si vous me promettez de pas me manger… Pourquoi pas ! »
Le Tigre : « Vous manger ? Une telle violence serait contraire à notre éthique ! »
Moi : « Ha… Cool alors ! Il consiste en quoi ce papyrus « secret » ? »
Le Tigre : « C’est le cygne noir, mon rival et ami, qui le détient. Le vol du parchemin sera ma prochaine action dans notre guerre ! »
Moi : « Une guerre ?? Je croyais que vous aviez banni la violence ! »
Le Tigre : « Pourquoi une guerre rimerait-elle avec violence ? Notre guerre de blague dure depuis des lustres, et il n’y a jamais eu de blessés ! »
Moi : « Une guerre de blague, z’êtes pas grou… Heu pardon : z’êtes pas fou ? »
Le Tigre : « Les règles sont simples : chacun son tour nous subtilisons le papyrus chez l’autre et nous y inscrivons une blague. Le volé doit remettre la main dessus, et écrire une blague plus drôle que la précédente ! Le premier à court d’imagination aura perdu ! Cette petite guerre est un passe-temps comme un autre. »
Moi : « C’est sympa comme guerre en effet… Vous avez commencé avec quoi comme blague ? »
Le Tigre : « Vous connaissez l’histoire du nombril ? »
Moi : « Heuuu non… »
Le Tigre : « … BRIL !!! non-bril !! Nombril ! Grou grou grou !! »
Moi : « … »
Le Tigre (hilare) : « … grou grou grou… »
Moi : « …C’est faible ! »
Le Tigre : « Il fallait bien commencer petit, pour pouvoir monter en puissance ! »
Moi : « Et maintenant vous en êtes où ? C’est quoi votre prochaine blague d’assaut ? Une rafale de calembours ?»
Le Tigre : « Plutôt un jeu de mot… Laid ! Mollet ! Grou grou grou…
Moi : « … »
Le Tigre : « … grou grou grouuuuuuuuu… Haaaa, bon alors, cette blague : c’est l’histoire de la belle Crystal, pom pom girl pour sénateur, qui s’en va au marcher pour…
-Clic !- Un bruit étrange avait envahi la clairière. Depuis cet impact sonore, le tigre semblait figé.
Moi : « Monsieur le tigre blanc, la fin de la blague s’il vous plait !! »
La musique joyeuse qui s’éleva ne fit que confirmer ce que je craignais déjà… Ce clic, je ne le connaissais que trop bien : c’était celui de mon réveil matin.
L’esprit encore embrumé par l’étrange rêve, je me mis à ouvrir les yeux. Le paysage paradisiaque fit lentement place à celui d’une minuscule chambre à coucher sordide mais hélas, familière.
Le radio réveil finissait de cracher le morceau de musique qui m’avait arraché de mon île de rêve. Les programmes enchainèrent rapidement sur les informations. Et voilà qu’il était de nouveau question de guerres : pourtant, ce n’était pas des blagues que des anonymes, tristes héros éphémères de ce bulletin d’informations matinal, s’étaient échangés pendant la nuit.
Mort, haine, destruction… Le journaliste en était à la description d’attentats suicides fanatiques par des préados d’à peine 12 ans quand j’ai décidé de couper cette horreur auditive. J’ai directement arraché la prise de courant… Comme si prendre le problème un peu plus à la source avait plus d’impact. Le journaliste avait employé le mot de cauchemar : pour avoir moi-même rêvé, je savais que tout ceci n’était que la réalité…
Je n’ai jamais revu le tigre blanc. Je suis parti dans d’autres pays merveilleux en rêve, mais jamais je n’ai pu savoir la fin de la blague… Qui était Crystal ? Qu’allait-elle faire au marché ? Et surtout en quoi consiste le travail de pom pom girl pour sénateur ??
Si au cours d’un songe, vous le croisez, demandez lui la fin, et faites la moi passer. Une guerre de blague, ça ne serait pas si dingue que ça après tout… Ca aurait au moins le mérite de nous changer nos tristes idées…